C’est une histoire de terre, de patience et de fierté. À Penja, petite commune nichée entre volcan et océan, une épice née du sol camerounais s’impose peu à peu comme ambassadrice mondiale de l’excellence africaine. Du 24 au 26 juin 2025, le Festi-Poivre célèbre pour la première fois ce joyau du terroir, le poivre blanc de Penja, devenu en une décennie un symbole de réussite agricole, sociale et culturelle.
Derrière ce festival inédit, porté par le Groupement Représentatif de l’Indication Géographique Protégée Poivre de Penja (GR-IGPP), se dessine bien plus qu’un rendez-vous gastronomique : c’est tout un territoire qui affirme son identité, revendique la valeur de son savoir-faire et aspire à inscrire ses produits dans les récits culinaires du monde.
Un grain de poivre, un levier d’émancipation
Ce que l’on célèbre à Penja, ce ne sont pas seulement les arômes délicats du poivre blanc, noir, rouge ou vert. Ce sont les mains qui le cultivent, les histoires qu’il raconte, les familles qu’il fait vivre. Depuis l’obtention de l’Indication Géographique Protégée (IGP) en 2013 une première en Afrique subsaharienne le poivre de Penja est devenu un modèle de réussite inclusive. Dans une région où les défis économiques sont immenses, ce produit d’exception a permis à plus de 2 000 personnes de trouver un emploi digne et durable. Des hommes, des femmes, des jeunes, qui aujourd’hui construisent leur avenir en cultivant ce poivre précieux sur près de 1 000 hectares.
Une ascension fulgurante, un prix qui parle
Avant la labellisation, le kilogramme de poivre de Penja se négociait à peine 3 000 FCFA. En 2022, il en valait plus de 20 000. Cette valorisation n’est pas que financière : elle est aussi symbolique. Elle consacre un savoir-faire local, validé par des standards internationaux, reconnu par l’Union Européenne. Elle prouve qu’en misant sur la qualité, la traçabilité et la coopération, un produit du Sud peut s’imposer dans les cuisines du monde. Une dynamique nationale en marche
Le Festi-Poivre n’est donc pas un aboutissement, mais un point de départ. Le Cameroun a ouvert la voie avec Penja, mais d’autres produits emblématiques comme le Ndolè, plat traditionnel du Littoral, sont désormais en cours de labellisation. Cette ambition nationale vise à structurer une véritable économie des patrimoines culinaires, capable de soutenir les agriculteurs, d’attirer les touristes, de nourrir les récits identitaires et de créer des chaînes de valeur durables.
Un rendez-vous pour bâtir des ponts entre terroir et mondialisation
En réunissant producteurs, chefs, scientifiques, investisseurs, touristes et curieux autour du thème « Allons à la découverte de l’authenticité du poivre de Penja », le Festi-Poivre devient un espace de dialogue et d’innovation. Il invite à penser l’agriculture autrement : comme un pilier du développement local, un vecteur d’égalité, un ferment de rayonnement international. Aujourd’hui, le poivre de Penja, c’est tout un modèle de société qui s’invente : enraciné, solidaire, ambitieux et résolument tourné vers le monde.
A travers ce festival, le poivre de Penja ne se contente pas de ravir les papilles, il façonne une nouvelle trajectoire de développement, où la gastronomie devient levier d’autonomisation, de fierté nationale et de rayonnement territorial.
Ingrid Mbalmog
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