MAGAZINE TRIMESTRIEL D’INFORMATION DU MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DU DEVELOPPEMENT RURAL DU CAMEROUN _ DECEMBRE 2022 – FEVRIER 2023

L’EDITORIAL


Politique d’import-substitution :
Clé de voûte de l’économie camerounaise selon les données émanant du Centre international du Commerce, en 2020, le Cameroun a importé 680.000 tonnes de farine de blé pour un coût total de 150 milliards de francs CFA.
En ce qui concerne le riz, la consommation nationale pour ce qui est de cette denrée, est d’environ 23 kg par habitant. Malheureusement, selon la même source, 24% de la consommation nationale sont produits localement. Ce qui rend le Cameroun dépendant des importations pour satisfaire la demande locale. Ajouté à cela, le phénomène inflationniste marqué par la flambée généralisée des prix des denrées alimentaires de première nécessité et de grande consommation sur le marché international en général et africain en particulier s’est renforcé. Cette situation s’est exacerbée ces derniers temps par le conflit armé mettant aux prises l’Ukraine et la Russie, deux grands exportateurs mondiaux de blé. Il est à noter que
la crise russo-ukrainienne a engendré, entre autres corollaires, non seulement la pénurie de blé dont ces deux pays figurent parmi les plus grands producteurs et exportateurs, mais aussi et surtout, et par ricochet une grande flambée du prix de cette denrée sur le marché international.
Toutes ces données statistiques et bien d’autres, préoccupent au plus haut niveau le gouvernement camerounais et, démontrent à suffisance l’urgence de traduire dans les faits la nécessaire politique d’import-substitution prônée par le Président de la République, Son Excellence Paul Biya.

Il faut signaler avec force que l’implémentation de la politique d’import-substitution est le troisième objectif spécifique de la circulaire préparatoire au budget 2022. Le Président de la République réaffirme que cette politique est «nécessaire pour renforcer la résilience de notre économie».
Il instruit au gouvernement «le relèvement de la taxation de certains biens pour lesquels le Cameroun est engagé dans un processus de production domestique, à l’exception des produits de grande consommation».
Officiellement, l’import-substitution est en vigueur au Cameroun depuis 2021. La politique du gouvernement depuis cette date repose sur trois axes principaux : (i) produire 300 000 tonnes de blé graine (blé marchand), (ii) réussir à produire annuellement 200 000 tonnes de farine de substitution, et (iii) amener les populations à changer d’habitude alimentaire pour diminuer la consommation de blé.

Les efforts à produire doivent être orientés à travers la mise en œuvre des plans de soutien à la production et à la transformation des produits d’importation que sont le riz, le maïs, le blé, le soja, le mil/sorgho et de substitution (les maraichers, banane-plantain et tubercules).
Dans le même ordre d’idées, il est question de poursuivre l’accroissement de la production des principales filières végétales identifiées dans la Stratégie Nationale de Développement telles que la production des semences et du matériel végétal pour le riz, le maïs, la pomme de terre, le mil/sorgho, le soja, les tubercules, la banane-plantain, le palmier à huile, le cacao, le café et les maraichers.
Dans sa communication, le gouvernement annonçait un changement de paradigme visant le renforcement de l’offre nationale en divers produits de grande consommation.
Ce changement passe par la réduction considérable du volume des importations desdits produits de grande consommation (riz, poisson, blé, maïs, etc.), qui sont source de sortie massive des capitaux et de dépendance alimentaire. Pour ce faire, le déploiement de cette politique doit s’accompagner d’une véritable politique de transformation structurelle en profondeur de notre économie. Il s’agit ici de réduire les importations des produits pour lesquels l’offre locale est abondante ou pour lesquels des substituts sont disponibles au plan national.
Dans ce cadre, à la faveur de la tenue, du 22 au 23 février 2022 à Yaoundé, de la conférence annuelle, au titre de l’année 2022, des responsables des services centraux et déconcentrés du Minader, j’ai tenu à indiquer à mes collaborateurs que l’opérationnalisation de la politique d’import-substitution instruite par le Chef de l’Etat, constitue l’un des principaux challenges et défis majeurs que nous devons relever en 2022 et 2023. Cette politique s’avère dès lors comme la clé de voûte pour l’économie camerounaise en quête permanente de performance et d’embellie.